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Le délit : parler de l’affaire Dutroux - La sanction : l’asile à perpétuité

Helena Lemire a trop parlé...

 

Le délit : parler de l’affaire Dutroux

La sanction : l’asile à perpétuité

 

Traduction d’un article de Douglas De Coninck paru le 22/05/2004 dans " De Morgen"

Source

 

A Charleroi, la lutte contre la criminalité « lourde » marche bien. Jeudi 27 mai, la justice risque d’interner à vie une femme de 50 ans parce qu’elle représente une menace sociale. Il faut dire que le délit commis par Héléna Lemire est un délit grave. A Neufchâteau, elle a aidé les enquêteurs dans leurs recherches sur Marc Dutroux et, plus précisément, dans leurs recherches quant au rôle véritable joué par l’ex-gendarme René Michaux.

 

 

Tout ce qu’Helena Lemire a fait : raconter les conversations qu’elle avait entendues entre René Michaux et son patron, fin 1995. Maintenant, la justice de Charleroi veut l’envoyer en psychiatrie jusqu’à la fin de ses jours.

 

La photo accompagnant l’article présente René Michaux, debout, avec le palais de justice d’Arlon en arrière-plan. : « Bien le bonjour d’Arlon. Mardi, René Michaux devrait une fois de plus nous servir son numéro. A Charleroi, la femme qui est allée au devant de la justice pour raconter son vrai récit des évènements, survenus fin 95, risque l’internement dans les jours qui viennent. »

 

C’est le 27 juin 1997 que la première trace d’Helena Lemire apparaît dans le dossier Dutroux. Un peu moins d’un an après le début de l’affaire. Ce jour-là, elle téléphone à la cellule Disparitions de Neufchâteau. Qu’elle se soit manifestée si tard s’explique par une raison dont elle ne fait pas mystère.

 

De juin à septembre 1996, cette femme, séparée, a séjourné dans une clinique psychiatrique. Maniaco-dépressive, anéantie. Problèmes avec son ancien employeur. En août 1994, elle travaille comme secrétaire chez SD Dépannages, une firme de Monceau-sur-Sambre. Au noir, au début. Un moment, elle a aussi habité dans le flat de son patron, Antonio Squittieri. Il est difficile, aujourd’hui, de vérifier ce qu’il en était de leur relation. Elle parle de harcèlement sexuel. Et lui, fait état de négligence professionnelle. A partir du 23 mai 1996, Helena relève de l’assurance maladie des salariés et, début 1997, elle est licenciée. Voilà, dans les grandes lignes, de quoi il retourne.

 

Dans les premiers rapports des enquêteurs sur Dutroux, une note ressort : « Durant nos entretiens, Helena Lemire semblait objective. Elle s’exprime à charge, mais aussi à décharge de personnes bien précises. Helena Lemire ne semble pas vindicative, mais plutôt découragée. » Le chef de groupe parlementaire PS, Claude Erdekens, alors membre de la Commission Dutroux, attache de l’importance au témoignage de cette femme qu’il a rencontrée un soir de débat. Début 1998, il adresse un courrier au procureur Michel Bourlet pour attirer son attention sur cette femme qui peut rendre compréhensibles tant de choses qui ne le sont pas.

 

Un p’tit café ?

 

Cette semaine à Arlon, une salve de questions a encore été déclenchée à l’encontre de l’ex - gendarme René Michaux, l’homme qui - à l’époque - était un des rares à savoir ou à avoir pu savoir où se trouvaient Julie et Mélissa, les gamines kidnappées le 24 juin 1995. Trois informateurs avaient désigné Marc Dutroux. Lors d’une des deux perquisitions dans la cave de Marcinelle (les 13 et 19 décembre) , Michaux a entendu « des chuchotements d’enfants ». Il quitte la cave. Il met la main sur des cassettes vidéo qui devaient lui indiquer le chemin vers la cache des enfants. Il ne les visionne pas. Il a tenu en main les chaînes avec lesquelles An et Eefje ont été attachées. Il les a rendues à Dutroux. A d’autres personnes présentes lors de ces perquisitions, il taira qu’il était à la recherche de Julie et Mélissa.

 

Son collègue gendarme, Yvon Demarcq, avait remarqué quelque chose de bizarre à propos des étagères suspendues, dans la cave. (René Michaux) lui intime l’ordre de se taire. Il ne pose aucune question à propos des cassettes audio sur lesquelles étaient enregistrés les journaux télévisés relatant la disparition de Julie et Mélissa. Ces cassettes avaient été retrouvées par la police dans le chalet du copain de Dutroux , Bernard Weinstein. Sous la direction de Michaux, la maison de Dutroux a été filmée à longueur de journées, à partir d’un wagon de chemin de fer, immobilisé sur une voie, de l’autre côté de la rue. Aucun rapport n’a été rédigé. Lors de son deuxième témoignage devant la Cour d’assises d’Arlon, mardi, Michaux s’est exprimé, une fois de plus, sous forme d’énigmes. Non, il n’y a tout de même pas eu de « pacte » au terme duquel sa hiérarchie l’aurait obligé à dissimuler la vérité et à jouer le rôle du bouc émissaire. Quant au fait de savoir comment tout cela avait si mal tourné, Michaux fit à nouveau allusion à ses supérieurs coupables de tout ainsi qu’à « la politique ».

 

Chez SD Dépannages, les policiers étaient un peu comme des enfants de la maison. Logique. L’entreprise est bien connue du Parquet local et, des années durant, elle a été en affaire avec les services de police de Charleroi en matière de dépannage. Quotidiennement, les policiers y vont et viennent, se réchauffent dans les bureaux en prenant une tasse de café et en bavardant avec le patron. Selon Helena Lemire, Michaux faisait partie des habitués.

 

Helena Lemire, entendue le 5 décembre 1997 :

 

« Un jour de 1995, Monsieur Michaux est passé, et il a raconté à mon patron qu’il avait pris froid. Il rentrait d’une observation effectuée à partir d’un wagon de chemin de fer, et cela n’avait rien donné. Squittieri répondit que cela n’avait, en effet, aucun sens. Michaux expliqua certaines affaires en détail, mais je ne m’en souviens pas bien. Il parla du gendarme Pettens pour s’en moquer. Il ne pouvait pas le supporter. Squittieri dit que Pettens était un blanc-bec, et qu’il le « cherchait ». C’était à cause de Pettens qu’il avait eu des problèmes, en rapport avec le vol d’une Golf et d’une Mercedes, en juin 1994. Pour autant que j’aie pu comprendre, Pettens était encore à faire le guet dans le wagon. Michaux a dit que Pattens fait le guet mais que ce n’est pas la que les choses se passent. Il a parlé continuellement de "trou" et de "Othello" ».

 

Christophe Pettens est ce petit gendarme qui, dès 1993 déjà, est « derrière » Dutroux. En 1993, il est allé fouiller les caves sur la base de tuyaux qu’il avait récoltés auprès de personnages faisant partie de l’entourage de Dutroux : Claude Thirault, Philippe Mahieu et Olivier Preels. C’est grâce à ce trio que Pettens apprend que Dutroux est à la recherche de comparses qui accepteraient de l’aider à enlever des enfants, et qu’il est en train de transformer sa cave et d’y aménager des cellules pour enfants. Thirault lui a donné à entendre que Julie et Mélissa pouvaient parfaitement entrer dans ce scenario.

 

En 1995, sur la base des éléments fournis par Pettens, la hiérarchie de la gendarmerie met l’opération Othello sur pied. On veut retrouver Julie et Mélissa, en secret et en dehors de toute autre instance policière ou judiciaire. Michaux est la personne qui doit mener les opérations. Mais, selon Lemire, celui-ci éprouve donc une profonde aversion envers Pettens qui « fait des misères » à son ami - le garagiste. Helena Lemire ne parle pas de protection. C’est le récit d’une secrétaire qui, rivée au téléphone, d’une oreille écoute son correspondant et qui, de l’autre, entend ce que son patron raconte. Dans un rapport de la cellule Disparitions (P.-V. 100.381/97 ), son témoignage est résumé comme suit :

 

« Chez Squittieri, Michaux et d’autres gendarmes auraient, après les recherches effectuées dans la maison, parlé clairement de Marcinelle et de Julie et Mélissa. Michaux aurait dit, qu’à son avis, elles étaient mortes, qu’il avait perquisitionné pour rien, et que cela était entièrement du aux parents qui étaient hystériques ».

 

Nihoul, Dutroux ...

 

Après son entrée dans la salle d’assises, mardi, Michaux s’est à nouveau plaint des journalistes :

 

« Parler après, c’est facile. A ce moment-là, comme beaucoup d’autres, je pensais que Julie et Mélissa étaient mortes depuis longtemps. »

 

Cette explication n’a pas de sens et contredit ce dont se souvient Helena Lemire. Un petit cas illustrant l’adage « on se connaît bien entre nous. » Suivant le rapport cité ci-dessus, il y avait d’autres personnes que Squittieri, Michaux et leur ennemi commun, Pettens, qui étaient au fait de tout cela :

 

« Fin 95 ou début 96, Nihoul serait venu chez Squittieri. Il venait essayer une voiture disponible qui avait été saisie par la gendarmerie de Marchienne parce qu’elle n’était pas assurée. Helena Lemire se souvient que le nom de Nihoul ne correspondait pas à celui figurant sur les documents de bord. Elle pense que Nihoul et Squittieri se connaissaient, vu la manière dont ils se parlaient. »

 

On lit aussi dans le rapport :

 

« Michelle Martin, accompagnée d’un homme, serait passée en février, mars ou avril 96. Elle était très excitée et elle pleurait. Squittieri en a eu pitié, et ils ont quitté le bureau ensemble ( ... ) En avril ou mai 96, Squittieri a reçu la visite d’un homme que Lemire pense être Marc Dutroux . Il était accompagné d’un autre homme qui lui fait penser à celui qu’elle avait vu accompagnant Michelle Martin. L’homme, qui lui paraît bien être Marc Dutroux, serait revenu, au moins une fois. Il voulait acheter trois autos. Les visites avaient lieu après 18h30. Lors de leur dernière visite, Squittieri a bu un café avec ces personnes. Selon Lemire, il s’agissait plutôt d’une discussion amicale. »

 

A une époque, Lemire remarqua la présence dans le bureau, de l’enquêteur de la police judiciaire montoise, Simon Poncelet, assassiné début 96. Après sa mort, elle entendit son patron faire à ce propos une remarque qui interpelle : « ils ne reculent devant rien. ». Elle mentionne néanmoins que ce n’est pas cela qui lui fit conclure que Squittieri avait quelque chose à voir avec le meurtre.

 

C’est lundi que commencent les plaidoiries du procès Dutroux. D’après ce qu’on dit , Joseph Vercraye aurait l’intention de déposer une résolution plaidant en faveur de l’internement de Dutroux. Suivant l’avocat de Jan Lambrecks, il n’est pas exclu qu’aux environs de 2030, le vieux petit bonhomme (que sera devenu Dutroux) puisse être libéré sous condition, prêt à recommencer d’emblée. Mieux qu’une peine de prison à vie, un internement offrirait des garanties plus grandes de voir ce danger public mis à l’écart - c’est la raison même.

 

Alors qu’à Arlon, il faudra encore attendre un mois avant que le verdict ne soit prononcé, le Parquet de Charleroi a mené ses petites affaires rondement. Le 9 septembre 1997, sur suggestion des enquêteurs de l’affaire Dutroux, Helena Lemire déposa une plainte contre Squittieri, du fait de harcèlement sexuel et de salaire impayé. Comme ces faits se passaient à Charleroi, le procureur Bourlet a envoyé le dossier à Charleroi, où rien ne s’est passé. Cinq ans plus tard, Squittieri déposa une (contre-)plainte à son tour, pour calomnie et diffamation. Il se constitua partie civile contre son ex - secrétaire auprès de la juge d’instruction Martine Michel.

 

C’est Squittieri qui fit le choix de cette magistrate. Il y a des raisons de penser que ce choix n’est pas le fruit du hasard. Martine Michel instruit également le meurtre du portier de dancing Jean-Paul Taminiau, le 6 avril 1995. La seule chose qu’on retrouva de Taminiau fut un pied, dans un canal. Depuis des années, sa mère, Jeannine Deulin, fait remonter ce crime à la « mouvance » Dutroux. Peu avant sa mort, Taminiau aurait été en possession de la Porsche (recelée) de Philippe Demanet, fils du procureur général montois Georges Demanet, contraint à la démission peu après l’affaire Dutroux. Taminiau aurait garé son tacot chez Gérard Pinon, l’homme dont il a été dit au procès d’Arlon, que c’est dans ses hangars que furent soudés les éléments de la porte-étagère coulissante fermant la cache (le cachot) des enfants.

 

L’affaire Taminiau est une histoire emballée de telle façon que, quel que soit le bout par lequel on la prend, elle conduit au milieu de Charleroi. Début 1996, Alexandre Verga, un truand hennuyer de haut vol, fut inculpé et arrêté pendant un certain temps, pour être ensuite libéré au motif d’une erreur commise par le laboratoire, lors d’une analyse ADN. Celle-ci concernait un morceau de tapis sur lequel on avait relevé du sang appartenant à Taminiau. Jeannine Deulin reconnaît que cela peut se produire. Mais ce qu’elle ne peut admettre aussi facilement, c’est le récit du ministre francophone des Arts audiovisuels, Olivier Chastel (MR). En 1999, celui-ci lui raconta qu’il avait remarqué la présence de la juge Martine Michel dans les loges du club de football Sporting Club de Charleroi, en compagnie d’Alexandre Varga - lequel, à l’époque, était en principe toujours soupçonné de meurtre. Une fois devenu ministre, Chastel retira sa déclaration, sur quoi Michel déposa plainte contre Deulin pour calomnie. Après une procédure d’enfer qui aboutit à la Cour d’appel de Mons, l’affaire a été classée sans suite, le 25 février de cette année (2004) .

 

« Danger social »

 

Pendant ce temps, Martine Michel poursuivit l’examen de l’autre dossier ouvert pour « calomnie et diffamation ». Le 13 février 2004, en ouvrant son courrier le matin, Helena Lemire trouve une lettre de la juge d’instruction, laquelle l’inculpait « pour s’être rendue coupable, entre le 14 décembre 1997 et le 4 septembre 2002, d’avoir porté atteinte à l’honneur d’Antonio Squittieri. » Helena Lemire comprit qu’elle devait se rendre à la Chambre du conseil de Charleroi, le 30 mars, pour s’entendre condamnée à l’internement. Selon l’instruction, « l’inculpée représentait un danger social. »

 

Patricia Vandersmissen, l’avocate d’Helena Lemire, a pu prendre connaissance du dossier d’accusation. « Ce qui saute immédiatement aux yeux, c’est que la juge d’instruction s’est limitée à entendre le personnel de Squittieri. » dit-elle. Naturellement, chacun pouvait verbalement confirmer le fait que Helena était sotte, hystérique, paranoïaque et dangereuse. Dans le dossier, on ne trouve aucun procès-verbal faisant état du rôle qu’elle joua dans le dossier Dutroux, alors qu’on peut voir clairement, à la lumière des données avancées pour établir « les faits », que c’est cela qui a tout déclenché. Il est assez étonnant que le Parquet ait entièrement soutenu la plainte, ainsi que la juge d’instruction. On requiert l’internement et on va très loin. Le mois dernier, quand l’affaire est passée devant la Chambre du conseil, on voulut traiter l’affaire à huis-clos. La loi, en cas d’internement, prévoit pourtant de manière explicite que les débats doivent être publics. Finalement, la Cour donna suite à cette exigence légale (d’un débat public), mais on s’étonna qu’Helena osât contester cette mesure d’internement.

 

Peu de mondes sont aussi petits que « le monde de Charleroi ». Le jeudi 27 mai, la Chambre du conseil entendra les plaidoiries finales. Au nom du Parquet, le substitut Dujardin à confirmé récemment sa réquisition exigeant l’internement. Le substitut appuie cette exigence sur le fait que Helena Lemire « accusait à tort son patron d’avoir assassiné Simon Poncelet. » Egalement sur un rapport émanant de Michel Schittecatte, un psychiatre judiciaire qui l’avait examinée. Récemment encore, le 10 mai, le même Schittecatte avait du s’expliquer à Arlon. C’est ce médecin qui, en 1986, s’était penché sur le cas de Michelle Martin, alors qu’elle avait été arrêtée pour avoir pris part à des enlèvement d’enfants avec Dutroux. Il avait estimé qu’elle n’était pas responsable, un diagnostic dont il ne put que s’excuser lors de son audition à Arlon au procès Dutroux. Dans son dernier rapport concernant Helena Lemire, le médecin évoque le fait qu’il n’est pas invraisemblable qu’elle ait eu à subir des violences sexuelles de la part de son ancien employeur, mais, précise-t-il, pour cette raison même, « c’est quelqu’un qui peut être poussée jusqu’à la crise au point de vouloir se faire justice elle-même ».

 

Votre cliente est une bombe ambulante. Patricia Vandersmisen : « Il y a vraiment de quoi se tordre de rire. Après tout ce qui s’est passé, c’est Helena qui a une peur bleue de Squittieri. On doit quasiment conclure qu’à l’avenir, toute femme qui osera venir se plaindre en justice des agissements de son patron court le risque d’être jugée comme un danger pour la vie sociale, et de devoir passer le reste de ses jours en psychiatrie. » Quel est le pourcentage de chance qu’elle soit condamnée ? « Oh ! Au besoin, nous irons en appel. La question que je me pose vraiment est celle de savoir d’où vient cette extraordinaire irritation de certains magistrats ».

 

C’est à ce propos qu’Antonio Squittierri est venu à Arlon dans le cadre du témoignage de René Michaux. Il subit un feu nourri de questions de la part de Xavier Magnée, l’avocat de Dutroux. Magnée est obnubilé par ce qui s’est passé fin 1995 et il voit une relation entre ces faits et les activités de Squittieri. C’est chez lui que, depuis des années, aboutissent les voitures de luxe retrouvées et saisies chez les gangsters. Dans une ville comme Charleroi, cela n’est pas rien. Une fois qu’elles sont déclarées « perdues », Squittieri les achèteraient habituellement pour une bouchée de pain.

 

Magnée : « Etes-vous au courant que Squittieri revend des autos de luxes, saisies, à des policiers ainsi qu’à des magistrats pour un prix ridicule ? »

 

Michaux : « Je suis au courant. Mais il y avait également un autre garagiste qui faisait de même. J’ai moi-même acheté deux autos chez Squittieri, avec facture. »

 

Magnée : « Quel monde ! C’est ainsi que ces voitures étaient vendues par le sieur Squittieri, et c’est ainsi que le parking du palais de justice de Charleroi est rempli de voitures de luxe acquises grâce à ce circuit ? »

 

Michaux : « Pas tout à fait. Il y a des voitures qui viennent de chez un autre garagiste. »

 

Etienne Duvieusart est l’avocat d’Antonio Squittieri. La conversation téléphonique dura exactement sept secondes. Le temps nécessaire à ce conseiller juridique pour expliquer qu’il ne souhaite pas s’entretenir « d’affaires en cours. » avec la presse.


 

Note de la Rédaction :

 

Maître van der Smissen, avocate d’Héléna LEMIRE, nous apporte les précisions suivantes :

 

« La plupart des phrases qui me sont attribuées dans cet article ont été quelque peu aménagées par l’auteur de celui-ci, ce dont je ne lui tiens pas rigueur mais que je souhaite préciser. Par exemple :

 

-  Le parquet et la partie civile veulent faire interner Héléna LEMIRE. Je n’ai jamais dit ni sous-entendu qu’elle serait internée à vie ou pour le restant de ses jours.

 

-  La loi de défense sociale ne prévoit pas qu’en cas de réquisitoire d’internement, les débats "doivent" être publics, mais que chacune des parties peut demander que les débats soient publics, ce que Madame LEMIRE a fait et ce qui lui fut accordé sans difficulté par la chambre du conseil.

 

-  Je n’ai pas non plus formulé comme telle la phrase suivante : "La question que je me pose vraiment est celle de savoir d’où vient cette extraordinaire irritation de certains magistrats ».

 

 

Patricia van der Smissen »

 
Une nouvelle histoire épouvantable de "monde à l’envers" ? Un individu est soupçonné d’avoir harcelé sexuellement une femme, celle-ci porte plainte et, au lieu de vérifier si la plainte de cette femme est justifiée, et, le cas échéant, de punir le coupable, la Justice considère que c’est la femme qui représente un danger pour la société, parce qu’elle pourrait bien chercher à se venger du harceleur. On croyait que ces méthodes appartenaient au passé révolu des pays totalitaires.

 

SOURCE

 

 

Le député Laurent Louis tente de faire bouger les choses !

Un politique belge dénonce la pédocriminalité élitiste (Laurent Louis) 

Laurent Louis diffuse une lettre anonyme envoyée aux parlementaires belges....

http://www.dailymotion.com/video/xq4oi1_laurent-louis-diffuse-une-lettre-anonyme-envoyee-aux-parlementaires-belges_news

 

Télécharger la lettre:
http://www.fichier-pdf.fr/2012/04/14/lettre-aux-deputes-et-membres-du-senat-belge-avril-2012/
Articles de Laurent Louis sur le sujet:
http://www.laurent-louis.be/blog/?p=843
http://www.laurent-louis.be/blog/?p=856

Rapport de la conférence de presse du 19 avril 2012:

http://www.pedopolis.com/blog/rapport-de-la-conference-de-presse-de-laurent-louis-ce-jeudi-19-avril.html

 

Intervention historique de Laurent Louis au parlement Belge (27 juin 2012)

Intervention historique de Laurent Louis / La Belgique vacille (27/06/2012) 


Le député fédéral Laurent LOUIS (MLD) prend la parole au Parlement fédéral belge afin de réclamer la cessation des poursuites qui pèsent sur lui suite à ses révélations dans le dossier Dutroux. Il dénonce un procès purement politique et pose les véritables questions que tous les parlementaires devraient se poser: "Pourquoi Julie et Mélissa qui sont, selon la Justice, mortes de faim après une détention de 103 jours dans la cache de Marcinelle durant l'incarcération de Dutroux, présentaient, sur les photos d'autopsie, des béances anales de 4 à 5 cm ?". Tout le reste n'est que manipulations et mensonges afin de détourner la population Belge de la vérité.
http://www.youtube.com/user/LiberteDemocratie
http://www.pedopolis.com/pages/dossiers-en-cours/dossier-dutroux-bis/dossier-dutroux-bis.html

 

Génie de la réconciliation parlementaire belge, Laurent Louis mérite l’éloge de VdB.

Il a fait mieux et plus vite en politique que Leterme et di Rupo…, en judicaire que Langlois et Visart de Bocarmé, et en médiatique que Daerden aux Folies Bergères.

J’ai rencontré Laurent Louis, nous avons discuté très à l’aise pendant plus de deux heures, à la veille de sa maudite conférence de presse. Nous avons fait nos études dans le même Collège Sainte Gertrude, à Nivelles.J’ai donc été voir un simple copain d’école. Une génération nous sépare, mais un esprit nous réunit.

Ce garçon réussira en politique, parce que ses intentions m’apparaissent loyales, audacieuses et moralement fondées.


Notre brabançon de la Dodaine est tiré à quatre épingles, enthousiaste, pétulant sinon impétueux. Il sait écouter, il n’est pas dupe, il se méfie. Puis il écoute. En fait, il parle peu. Au bout du compte, ce sont les principes démocrates qui ont inspiré tout l’entretien. Je me suis amusé.

Le jeune député de 32 ans est assisté par quelqu’un dont on ne parle pas, Alessandra d’Angelo, une jeune avocate convertie en attachée parlementaire du MLD. Elle porte joliment son prénom par l’ardeur de son combat, et aussi son nom par sa chevelure florentine qui ne parvient pas à masquer ses talents de juriste en stratégie politique explosive.

Elle semble le coacher, elle note, elle résume, elle traduit, elle explique, elle recentre l’entretien. Elle connaît les dossiers, elle se documente et elle documente. Son truc en ce moment, c’est le Congo. Ils sont vénérés à Matongé, les congolais de Rhode-Saint-Genèse sont furieux. Chacun ses amis. Revoilà les souvenirs du Collège Sainte Gertrude, quand on se marrait à compter les spermatozoïdes dans le laboratoire du professeur Dardenne. Zut ! J’ai outragé et insulté mes lecteurs.

J’ai fréquenté la Maison Africaine pendant toutes mes études universitaires, je travaillais de nuit chez Gesa-Assistance, à deux pas. La cuisine congolaise était fraîchement importée, préparée à l’ancienne congolaise, c’était 13fr la moambe, on s’est même gavés de crocodile quand on a repeint la Maison avec les élèves de Sainte-Gertrude. Une très belle œuvre qui a toujours été soutenue par l’épouse d’un banquier bruxellois, mécène admirable, gentille et efficace. Le Congo, pour un belge, ça restera toujours une partie de nos chromosomes.

LL a eu raison de poser la question de la représentativité politique du gouvernement congolais en place, et de la loyauté du voyage officiel de Monsieur Reynders. Les congolais sont nos frères et ils souffrent. Ces pillards de Kin sont des bandits. L’intervention de LL me semble prémonitoire. J’ai le sentiment qu’il a perçu que Matongé sera le centre de décision politique du Congo.

Joli coup diplomatique, et deux tours de cuillère à pot. Doué.

Nous avons abordé ensemble une série d’autres sujets, cette conversation fut amicale et j’en reviens avec une certitude : si LL m’avait reçu seul,  le doute aurait pu subsister encore. Mais à l’attachée qu’il choisit, peut se reconnaître le député. Il n'est question dans ce tandem que de principes. Il n’est question ni d’argent, ni d’opportunisme, ni de pouvoir. Ce n’est pas LL qui renversera la majorité, même s’il a fait la majorité contre lui. 

J’espère pouvoir mieux connaître Laurent Louis. J’ai le sentiment que la chose est inéluctable. Ce  devrait aussi rassurer mes lecteurs fidèles sur ses qualités humaines, ses principes, ses intentions. Ce jeune député n’a pas de programme. Il n’a que des principes. C’est cela son point faible. C’est cela le danger pour les autres.

J’ai d’abord cru qu’il manquait d’expérience, et qu’il oubliait qu’on ne réveille pas quelqu’un qui dort, avec une trompette : je suis d’avis qu’il faut concevoir la communication politique d’une autre manière. Les citoyens ne sont pas en désaccord avec les questionnements inéluctables qui subsisteront à jamais dans l’affaire Dutroux : la vérité a-t-elle été manipulée ?

Poser la question, et elle est posée, c’est réclamer l’analyse ADN des 6.000 preuves escamotées.

Laurent Louis a-t-il donc posé une question idiote ?

C’est pile ou face ?

C’est Jean-qui-rit et Jean-qui-pleure : la question sur le « vrai » ou le « faux » de la thèse (jamais démontrée mais grosse comme une couleuvre) de la mort de soif et/ou de faim, ne pourra plus se résoudre désormais que par l’identification du code génétique de ceux qui ont pénétré dans cette cache ou elles « sont mortes de faim » par banal voyeurisme, ou par hasard.

Faudra-t-il faire une collecte pour identifier les empreintes ADN ? Peut-être que ces 6.000 cheveux concernent d’autres viols d’autres victimes, inconnues, dont les identités seraient révélées par l’identité des visiteurs identifiés. Peut-être sont-ce tout simplement aussi les cheveux de victimes inconnues, tout simplement, sans qu’aucun notable ne soit mis en cause.

Il ne faut pas être capable d’apporter la réponse, si l’on veut poser une question.

L’ignoble serait de laisser sous Silence de tels questionnements, qui sont partagés par presque tous les belges, et qui traumatisent encore le pays. 

Le coup médiatique de LL est un coup de génie : personne à ce jour n’a réussi à poser LA question, d’une manière qui ne soit pas immédiatement censurée par un pouvoir omniprésent : son site n'a-t-il pas été fermé dès la parution du rapport du médecin-légiste, il paraît à la demande des lecteurs… Si vite ? Et l'immunité parlementaire de s'exprimer ? Et la liberté de presse ?

Il a bien fait d’en parler bruyamment et outrancièrement à l’assemblée. Son site aurait été fermé le lendemain du premier murmure, s’il n’avait pas bombardé tous les aérodromes par surprise, engorgeant les rues et les routes de réaction citoyennes. La blitzkrieg de David contre Goliath. Bien joué, de justesse.

Et puis, il y a déjà eu tant d’accidents de voiture inexplicables… : le Megazine veut bien accueillir le MLD, jusqu'à la fin de l'orage. Nous disposons d'une ordonnance de protection judiciaire, et aussi de trois serveurs juridiquement et matériellement insaisissables, le plus protégé se trouve au Danemark, sur Antenna.nl.

Si LL a raison, la gendarmerie a été liquidée par des réseaux qui contrôlent la justice, le gouvernement et la presse à la fois. Ce n’est pas rien. S’il a raison, il s’est produit un coup d’Etat et nous risquons notre vie. Sa charmante attachée pareil.

S’il a tort, il n’est pas écrit bécasse sur le front de LL : les analyses ADN sont nécessaires pour l’établir. C’est là le coup de génie. Pur Clausewicz.

En fait, aucune des deux hypothèses n'arrangent le pouvoir, qui censure le débat depuis 17 ans.  LL a obtenu que le débat soit devenu inéluctable. Il l’a fait en deux jours. C’était son boulot de député, il risque la pendaison, mais il a atteint l’objectif. La population exigera les test ADN des empreintes trouvées dans la cellule. Cela se ressent déjà dans les forums, dont certains sont aussi coupés.

Il faut une réponse au traumatisme belge. Il faut aussi blanchir les noms qui n’ont rien à faire dans cette liste. Puis mettre les autres en cage, s’il en reste.

Ce garçon est insolent, imprévisible, téméraire, seul contre tous. Une telle rudesse dans la communication ne s’est jamais vue. Jamais. Etait-elle nécessaire, cette publicité écoeurante?  Elle l'était, parce que c'est la vérité qui semble écoeurante.

LL n’a que trente-deux ans, et il ne manque pas de loyauté. Il veut nourrir la vie politique de principes, et ces principes ne manquent pas non plus de noblesse. Il n’est pas allé mendier pitance dans un parti qui paie bien, et il ne manque pas d’indépendance.  Il faudra voter pour l’homme et ses principes.

Il n'a pas de programme, puisqu'il n'a pas l'appareil pour le mettre en oeuvre. Il joue le fou du roi, et il le joue bien. Il y en avait toujours un à Versailles, qui avait seul le droit de se moquer du roi. Puisque les présidents s'enfantent de père en fils de nos jours, et que leurs cours sont gavées de courtisans, il était temps d'avoir un Joler au  Parlement. Un vrai qui ose poser LA question censurée.

Il faudra aussi se souvenir que la loyauté n’est pas précisément la qualité que le peuple reconnaît en ce moment au cartel politique, judiciaire et financier, que les présidents de partis politiques dirigent depuis le Parlement.

Il faudra donc aussi pardonner la manière, pour mieux féliciter du résultat.

Re-open Dutroux.

Patrick Vanden BERGHE

 

SOURCE

 

Institutions, médias et opinions publiques

10 octobre 2004 par Anne-Marie ROVIELLO - L'Observatoire Citoyen

Par trois fois, le juge Connerotte a lancé un cri d’alarme sans mâcher ses mots : dans sa lettre au roi, il parle d’illégalité instituée ; il parle d’état délinquant lors du procès Cools ; il parle de sabotage de l’enquête, d’humiliation et de destruction psychologique lors du procès d’Arlon. Cela n’a donné lieu à aucune réaction ni des autorités compétentes, ni des autres contre-pouvoirs, en particulier, des médias.

Pourquoi ?

La transformation des règles de droit en arme contre le droit oblige les institutionnels qui ont affaire au crime organisé à exercer leur profession en résistants. Quelles protections existent pour ces institutionnels et autres citoyens témoignant contre le crime organisé ?


Voilà quelques questions légitimes que l’on peut se poser au regard de ce qui a été vécu en Belgique en deux décennies. Tandis que demeurent les questions posées au pays tout entier concernant les affaires d’enfants disparus et assassinés : y a-t-il oui ou non des réseaux pédocriminels à l’œuvre dans nos démocraties ? Ces réseaux reçoivent-ils oui ou non une protection de la part de certains institutionnels ? Et si la réponse est oui aux deux questions, que faire ?

Après un premier article consacré à ces "agents institutionnels résistants", nous cherchons ici à éclairer le rôle joué par les médias, relais entre les institutions et l’opinion publique.

Les médias face à une alternative

Les faits dénoncés par le juge Connerotte sont-ils vrais ou non ? S’ils le sont, alors, ils attestent de ce que “ l’institution justice ”, loin d’être un bloc monolithique, est travaillée de l’intérieur, tout autant que de l’extérieur, au moins par deux mouvements en sens contraire, le mouvement pour le droit et le mouvement contre le droit.

Relayer publiquement la dénonciation de tels méfaits institutionnels signifie non pas porter atteinte aux institutions, mais au contraire apporter un soutien urgent à ces institutionnels entrés en résistance contre ces autres institutionnels qui, détournant les institutions et leurs règles au profit du crime, détruisent à la fois les institutions et l’humanité du lien social que ces institutions doivent garantir.

Les médias se retrouvent dès lors devant une alternative.

-  Soit ils se rangent du côté des institutionnels résistants et deviennent eux-mêmes des résistants - ou du moins courent le risque d’être à leur tour confrontés aux pressions, intimidations, etc..

-  Soit, renonçant à leur rôle de contre-pouvoir, ils se pervertissent en appoints pour l’abus de pouvoir et d’autorité, fût-ce seulement par omission.   La plupart de nos grands médias préfèrent détourner leur regard et, lorsqu’ils ne peuvent plus éviter de parler de l’affaire, trop font dans le dénigrement : "le petit juge a les épaules trop fragiles", "le policier a une obsession", "le procureur fait une fixation"... Quand ils ne donnent pas dans la désinformation calomnieuse [1]. Toujours sans apporter le moindre élément sérieux pour étayer leurs affirmations vides.

 

Démonter les fausses oppositions

On a souvent parlé de "la guerre à Neufchâteau". De même, on a remarqué que s’était également produite une véritable guerre des médias. Remarques pertinentes.

Pourtant, à s’en tenir uniquement à ces guerres “ internes ”, on manquait une dimension essentielle du phénomène : c’était une seule et même guerre transversale qui s’entamait au sein des institutions, pour se poursuivre comme guerre médiatique. Le plus souvent à la faveur du "brouillage des pistes" : les nobles principes du secret de l’instruction et du devoir de réserve étaient invoqués pour légitimer ce qui paraît être une véritable omerta. Sans doute l’inversion et la perversion la plus spectaculaire du sens de nos principes éthico-juridiques !

Un autre principe essentiel étant celui de la liberté de la presse, on a baptisé “ liberté de presse ” et droit d’apporter “ la contradiction ” ce qui fut parfois la liberté de désinformer et de calomnier la plus débridée.

On a ansi permis l’amalgame entre ces critiques journalistiques courageuses qui, très rares, dénonçaient les blocages institutionnels, et ces "critiques" qui ressemblaient plutôt à de véritables campagnes orchestrées pour détruire la réputation des institutionnels résistants.   De manière plus générale, et pour reprendre les paroles fortes de l’ancien procureur suisse Bertossa, lorsque nos démocraties ont affaire au crime organisé, c’est une seule et même guerre civile qui traverse toutes les frontières catégorielles, une guerre qui oppose les défenseurs de la démocratie à ceux qui la minent sur tous les plans - économico-financier, social, informatif, politique, institutionnel, humain.

Face à la progression du crime organisé dans nos démocraties, les distinctions et divisions classiques ne sont plus d’aucune utilité. Au contraire, elles peuvent bloquer le jugement sur ce qui est véritablement en jeu.   Commençons donc par libérer le jugement de ces fausses identités et de ces fausses oppositions : l’expression fourre-tout “ les institutions ” présente celles-ci comme un seul bloc, qui ferait front comme un seul homme à toutes les attaques - illégitimes, pour la seule raison qu’elles viendraient de l’extérieur de ces institutions. Or, dans l’affaire qui nous préoccupe, nous assistons plutôt à un affrontement extrêmement dur entre institutionnels (note 2. cf. “ Guerre de Neufchâteau ”, Annemie Bulté). C’est le même affrontement qui se poursuit dans “ la guerre des médias ”, de même que c’est le même affrontement qui travaille notre société.

Une portion criminelle de la société tisse avec des institutionnels des liens qui deviennent pour ceux-ci des rêts lorsqu’ils ont à s’occuper de certaines enquêtes. Ils peuvent bloquer ou dévoyer ces enquêtes et, par là, retourner les institutions contre la société, c’est-à-dire contre cette partie la plus importante de la société qui n’est ni criminelle, ni enferrée de manière indirecte dans l’organisation criminelle.
 

Les institutionnels résistants obligés de sortir du bois

Eva Joly, Eric Halphen, Patriek De Baets et Aimé Bille, Myrianne Coen, Jean-Marc Connerotte, Eric de Montgolfier... tous le disent : lorsque les blocages institutionnels se prolongent par des blocages médiatiques, par une omerta médiatique sur ces blocages, lorsque cette omerta est assortie d’une véritable campagne de désinformation calomnieuse contre ces institutionnels, ceux-ci sont obligés de sortir du bois. Il est dès lors pour le moins injuste de leur reprocher cette intervention dans l’espace public, puisque c’est en vain qu’ils ont épuisé tous les moyens institutionnels avant de s’y résoudre. Et qu’ils ont été précédés dans cet espace public par leurs adversaires, lesquels ne se sont pas privés, eux, de détruire leur réputation.   A la continuation de la guerre intra-institutionnelle par l’arme des médias, on ne peut répondre que par la poursuite de la bataille institutionnelle pour le juste avec les moyens des médias. Dans certaines affaires trop délicates, la presse est l’ultime recours pour que la vérité ne soit pas complètement étouffée.   Dans sa Lettre ouverte au roi des Belges (janvier 1996), le juge Connerotte décrit bien la situation. Il montre comment les mêmes dysfonctionnements du droit et du juste commencent comme dysfonctionnements institutionnels et se poursuivent comme dysfonctionnements médiatiques.

Dans une démocratie d’opinion, l’espace public est un lieu important, essentiel pour rétablir les règles institutionnelles dans leurs gonds. Dès lors qu’il est utilisé comme appoint essentiel aux blocages rencontrés par les institutionnels résistants, cet espace public doit être investi sinon par ces mêmes institutionnels, en tout cas par ceux qui se solidarisent avec eux dans la même entreprise de résistance.
 

Stratégie de désinformation et “perroquets institutionnels”.

La RTBF-radio informera son public de l’existence d’une enquête "pour faux en écritures" contre le juge Connerotte, alors même que celui-ci n’est pas au courant. Le juge d’instruction Connerotte apprend ainsi, le 24/2/1999, qu’il est "poursuivi pour faux en écritures" par le parquet général. Origine de cette procédure extraordinaire : la plainte de quatre policiers de Charleroi à propos de la légalité des perquisitions effectuées sous sa direction le 9/9/1996 (opération Zoulou) - le juge Connerotte recherchait des indices de protections dans les milieux policiers de Charleroi, en particulier au sein de la PJ où Georges Zicot officiait. La Chambre des mises en accusation de Bruxelles a mis le juge Connerotte totalement hors de cause et validé ses perquisitions le 25/9/2000.

On fera de même concernant l’enquête contre l’enquêteur De Baets et ses co-équipiers. Il s’était soi-disant livré à des "manipulations grossières" dans l’enquête lancée à partir du témoignage de Régina Louf. Pourtant la justice, après des mois d’une enquête minutieuse, a dû se résoudre au non-lieu en sa faveur.

En revanche, nos médias ne relayeront plus l’information après que l’enquête à charge du juge Connerotte eut très rapidement démontré que le juge Connerotte avait très correctement travaillé. Idem pour De Baets : c’est à peine si nos grands médias ont informé leur public du dégonflage graduel de la baudruche brandie contre lui. Mais quelle image demeure de ce policier dans l’opinion, si nos médias ne compensent pas les torts violemment infligés ?

Pour tous ceux qui ont suivi un tant soit peu l’évolution de l’affaire, c’est l’évidence même : nos “ grands médias ” ont progressivement évacué “ vers la périphérie ” ceux de leurs journalistes qui avaient une vision trop critique de notre institution justice. Et ils ont laissé pratiquement tout le terrain libre à quelques journalistes devenus “ perroquets institutionnels ”, selon l’expression de Gino Russo - une expression jugée vulgaire par certains, très mesurée selon nous. Loin d’être démesurée, cette attaque était encore, concernant certains journalistes, bien en deçà de la réalité.

La criminalité organisée, disions-nous dans un autre texte, c’est le mensonge organisé. Dans nos démocraties d’opinion, ce mensonge organisé devient, pour une part importante, campagnes de désinformation et de calomnie organisées contre ces institutionnels qui prétendent résister au crime.

Pour le crime organisé, le pouvoir des médias devient une arme importante du mensonge organisé, et par là, poursuite de la guerre anti-institutionnelle avec d’autres moyens.  

L’argument du populisme

L’arme de la désinformation n’est pas utilisée seulement contre les institutionnels résistants, mais également contre ceux qui les soutiennent. Un argument est constamment mis en avant : dès que sont dénoncés des dysfonctionnements parfois extrêmement graves, au lieu de s’inquiéter de ces affaissements institutionnels, on agite l’épouvantail du “ populisme ” - sans que ce terme “ fourre-tout ” soit clairement défini.   Dès lors, le “ populisme ” devient lui-même une sorte d’ “ idole allégorique ”. Loin de représenter un point de vue critique démocratique, la mise en garde contre lui brouille toutes les pistes du jugement. Pour nous, il y a antagonisme entre les résistants contre le droit (manipulateurs du droit à des fins illégitimes) et les résistants pour le droit (des agents institutionnels refusant de céder au jeu des premiers, pour faire prévaloir la règle de droit au service du juste). Mais à cet antagonisme réel-là, est substituée une opposition factice entre des acteurs préfabriqués, à savoir "les institutions" (ou "les institutionnels"), et "le peuple".

Cette substitution permet un amalgame entre critique citoyenne responsable, critique a posteriori de certains institutionnels, critique basée sur indices, témoignages, et éléments factuels sérieux et concordants, d’une part, et de l’autre, critique a priori ; un amalgame entre critique citoyenne et critique populiste.

C’est toujours le même moyen qui est mis en œuvre : au lieu de vérifier sérieusement la véracité des FAITS dénoncés, on les évacue purement et simplement. Pourtant, la seule manière de savoir si on a affaire à une attitude populiste ou à un comportement de vigilance et de critique citoyennes responsables serait d’aller voir du côté des faits - du côté des faits criminels comme des faits institutionnels.   La mise en garde contre le populisme procède donc elle-même de l’occultation de ce qui est véritablement en jeu et en danger. C’est un sophisme très confortable, qui permet d’éviter que soient posées les vraies questions. Il permet aussi d’exercer un terrorisme intellectuel sur tous ceux qui osent encore dénoncer des méfaits dont les auteurs sont des institutionnels.
 

Le choix des citoyens

Dans cette affaire, les citoyens n’ont pas le choix. Ils ne peuvent défendre “ les institutions ” en bloc. Pas plus, d’ailleurs, qu’ils ne peuvent s’en prendre “ aux institutions ” en bloc. En se rangeant du côté de certains institutionnels, ils se rangent nécessairement contre d’autres institutionnels. Ceci est vrai tant pour ces citoyens qui accordent leur soutien et leur crédit à Connerotte/Bourlet que pour ceux qui affirment contre l’évidence que le juge Langlois a bien travaillé.

Ceux qui ont choisi de défendre l’indéfendable instruction du juge Langlois ont-ils vérifié si des faits confirmaient les paroles très graves de Connerotte ? Ces paroles concernent pourtant également l’enquête effectuée sous la responsabilité du juge Langlois.

En défendant Langlois, on ne défend pas "les institutions",on prend le parti de l’institutionnel qui n’a obtenu aucun résultat en un maximum de temps, contre celui qui a obtenu le maximum de résultats en un temps record. Qu’à cela ne tienne, les "anti-populistes" taxent alors de "populisme" cet institutionnel lui-même, et pas seulement ceux qui le soutiennent. Et le tour est joué. Drôle de manière, celle-là, d’assumer leur responsabilité citoyenne.

Nous nous sommes rangés du côté de Connerotte. Nous avons amplement étayé les raisons de ce choix sur ce site et ailleurs. Les faits que nous avons avancés sont vérifiables. Nous attendons toujours que ceux qui ont choisi de faire l’apologie du travail du juge Langlois étayent ce choix étrange de défendre un institutionnel qui n’a pas apporté un seul fait important dans l’enquête dont il a eu la responsabilité durant cinq ans.  

Anne-Marie ROVIELLO

         

[1] Dans ce registre de la désinformation calomnieuse, citons par exemple l’article “Permis de mentir” publié le 9/3/2004 par le Soir. Cfr 

SOURCE

 

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Entretien avec Anne-Marie Roviello

http://old.radicalparty.org/belgium/editoriaux/cine_tele_reveu.htm

 

 

 

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